ABDOU SOULA, un homme engagé pour la vulgarisation du biogaz au Comores

Acteur majeur de la valorisation des déchets au Comores, grand militant des Energies Renouvelables, Abdou Soula, patron de BioCom, une entreprise de production de Biogaz, a accepté en exclusivité pour EMI News, de raconter son parcours ainsi que les ambitions de son entreprise .

Non valorisé, le méthane a un impact 25 fois bien plus important que le CO2 sur le réchauffement climatique. Valoriser ce méthane permet donc d’une part, de réduire cet impact sur l’atmosphère et d’autre part, de s’affranchir des énergies fossiles

Abdou Soula, PDG de BioCom

Pouvez vous revenir sur le chemin qui vous a conduit au Biogaz ?

Après le BAC, j’ai eu la chance de continuer mes études en République Populaire de Tanzanie ; C’est là que J’ai découvert que le gaz importé aux Comores est un combustible qu’on pourrait concevoir sur place, à des coûts raisonnables, facilement acceptable par le producteur en utilisant des ressources locales qui sont en abondances. Cependant, j’ai convergé toutes ses idées sur le biogaz et décidé ensuite d’approfondir les recherches et les orientations sur la production du biogaz ; d’où l’origine du concept.

En Tanzanie, j’ai exécuté un projet du PNUD consistant à a construction de 10 biodigesteurs chez des particuliers.

Arrivé aux Comores en 2017, au titre d’expert en énergies renouvelables, j’ai réalisé un diagnostic et les constats retenus  ont permis de me lancer dans la sensibilisation de concert avec les directions compétentes concernées. Finalement la société BioCom a vu le jour à Ntsoudjini le 30 novembre 2020.                                 

À ce jour, sur les 3 îles, ma société BioCom a installé et mis en service 8 biodigesteurs chez des particuliers et 3 installations dont 2 de tailles moyennes (avec production d’électricité), pour l’exécution d’un projet du Small Grant Program du Programme des Nations Unies au Développement (SGP/FEM/PNUD_Comores).

ABDOU SOULA CEO de BIOCOM

Quelles sont les problématiques résolues par BioCom ?

  • Energétique (délestage régulier et rupture régulière du stock de gaz)
  • Alimentaire : 90% des produits agricoles consommés aux Comores sont importés .
  • Environnementale, le pays connait le 3ème taux de déforestation mondiale, ainsi que de multiples décharges à ciel ouvert.
  • Social, avec la création d’emploi (2 jeunes diplômés sur 3 sont sans emplois), réduction de la violence sur les enfants, autonomisation de la femme à travers des activités génératrices de revenus

Quels sont les étapes pour avoir du gaz à partir des déchets ?  

Il s’agit de valoriser les déchets par la production d’énergie renouvelable. La matière organique est mélangée avec une quantité spéciale d’eau puis mis dans un incinérateur à biogaz. Cet incinérateur est construit à base de ciment puis enterré sous le sol pour stabiliser la température à l’intérieur. En se décomposant, la biomasse libère naturellement du biogaz, qui est en fait un mélange de différents gaz mais principalement composé de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2). Il faut au moins un taux de 55% de méthane pour que le biogaz soit inflammable. A l’état brute, il est impossible de simuler une explosion. Une étude de faisabilité s’impose donc, pour déterminer, par exemple les besoins du client en matière d’énergie et/ou de digestat, des données altimétriques, de la nature et de l’abondance des déchets pour enfin déterminer le type, le model et la taille du biodigesteur à installer et ainsi évaluer son devis. Une fois installé, dans les ménages, le biodigesteur produit et stocke le biogaz qui sera ensuite véhiculer via un réseau jusqu’aux bruleurs (gazinière, rôtisseur à poulets et ampoule à biogaz etc ). Pour les installations moyennes, une partie du biogaz s’orientera vers des bruleurs et une autre partie sera filtrée puis canalisée vers un co-générateur. Le co-générateur sera protégé des impuretés, de la rouille et par la suite prolongera sans durée de vie.

Êtes-vous satisfait du déploiement de BioCom au niveau des Comores ?

A mon arrivé, quand j’expliquais que nos déchets peuvent produire du biogaz qui va servir à assurer nos cuissons domestiques et parfois produire de l’électricité, ça semblait plus à une blague pour de nombreuses personnes. Aujourd’hui, c’est une réalité absolue. 11 sites de production de biogaz sont installés dont 9 servent à la cuisson domestique (chacun accommode 2 ménages) et deux autres attendent l’arrivée de Co-générateurs pour la production d’électricité. L’un des deux derniers va faire fonctionner un conteneur de (20 pieds) chambre froide de type positive pour la conservation des produit agricoles de deux régions (Bandrassamlini_Ivembéni et plateau de la grille Maouéni tous deux de la région de Mboudé) et l’autre rendra le complexe touristique de Oulla-II à Mohéli, totalement autonome en énergie (gaz de cuisine ; repas de 100 personne le jour et 10KVA d’électricité 7/7 jours).

Quels sont les défis à relever ?

  • Avec la société, changer nos habitudes, nos priorités. Même à l’improviste, nous sommes dépensiers dans les festivités (pique-niques, célébration de mariages) au lieu d’investir. Nous vivons dans le présent sans pour autant se soucier du futur prochain ou lointain.
  • Nous demandons une profonde collaboration avec les institutions locales, régionales et fédérales.
  • Ayant prouvé sa crédibilité, les activités de BioCom répondent à 14 des 17 objectifs de développement durable (ODD) ; nous sommes donc disposés à travailler avec les institutions régionales (COI, PNUD…).

Quelles sont les ambitions de BioCom ?

Nous avons pour ambition de participer à la protection environnementale de notre archipel , assurer la sécurité énergétique des Comores et faire la Promotion des énergies renouvelables créatrice d’emplois verts .

Rôtisseur à biogaz

Quel regard portez-vous sur les secteurs des énergies renouvelables en Afrique principalement aux Comores?

De par le volet écologique, le contexte énergétique actuel des pays d’Afrique exige de repenser les techniques de production énergétique.

La technologie d’exploitation de certaines énergies renouvelables, notamment la biomasse, est amplement plus accessible à certains pays d’Afrique, qui ne maîtrisent pas toujours la haute technologie. Les études menées montrent que la biomasse a surpassé toutes les contraintes des autres sources d’énergies renouvelables (solaire, éolienne, géothermie et hydraulique).

Tant et si bien que la vulgarisation de cette source d’énergie en Afrique, surtout en milieu rural, incarnera l’accès à l’indépendance énergétique.

Comment le biogaz peut-il participer au développement de l’économie aux Comores, et à l’amélioration des conditions de vie des populations ?

Le processus de gestion durable des déchets liés au biogaz est créateur d’emplois et participe à une bonne hygiène de vie. D’autant plus que le produit résultant du processus de méthanisation, digestat, reste un engrais organique de meilleure qualité qui participera largement au développement de l’écoagriculture.

Enfin, grâce à la biomasse, la société se dote d’une source énergétique qui va favoriser une partie de la population jusqu’à lors handicapée en matière énergétique.

Votre mot de la fin

Non valorisé, le méthane a un impact 25 fois plus bien plus important que le CO2 sur le réchauffement climatique. Valoriser ce méthane permet donc d’une part, de réduire cet impact sur l’atmosphère et d’autre part, de s’affranchir des énergies fossiles.

La Rédaction

Facebook & YouTube  : Biogaz Comores

WhatsApp : +269 3241251

Email: abdousoula2@gmail.com

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

ARTICLES CONNEXES

Posts récents

NEWSLETTERS

Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les infos par email

REJOIGNEZ-NOUS